De plus, c’est Jean-Wilfrid Garrett qui assurera le "décryptage" et de la "mise en code" de l’émission. C’est à lui notamment que l’on doit le fameux générique de l’émission. La chose n’est pas si étonnante que cela car avant d’être un technicien de la radio, Jean-Wilfrid Garrett est avant tout un musicien qui a d’ailleurs été l’un des précurseurs de la musique électronique en France. C’est avec Maurice Jarre, le futur compositeur de musiques de films et père de Jean-Michel, qu’il s’intéressa au genre dans les années de l’immédiate après guerre.
Enfin et pour rester dans le ton, Pessis précise encore que Dac avait pris pour habitude de se soulager la vessie avant chaque enregistrement sur le tas de gravier du studio 113, tas qui était sensé servir au bruitage. Bref, on le voit et comme souvent avec Pierre Dac la bienséance passait après la rigolade.
Il semble bien qu’auteurs et acteurs se soient bien amusés puisque, lors de la première prise, seule la moitié des 10 épisodes prévus fut enregistrée. Pourtant l’écoute des premières péripéties ne permettait en rien de prédire un tel succès. C’est sympathique mais sans plus. C’est pourquoi, il est recommandé de les goûter à petites doses plutôt qu’à jet continu et ce pour éviter une indigestion, laquelle vous ferait passer à coté d’un des sommets du feuilleton radio.
En fait, Dac et Rognoni pendant les premières semaines cherchent encore leur ton. Zorbec le Gras et Wilhelm Fertag qui feront tant rire par la suite, le second grâce à ses fameux proverbes français revisités par la langue de Goethe, n’ont que des rôles secondaires. Le professeur Jérémie Ménerlach, ce fabuleux savant fou et érotomane, et Wanda Vodkamilkévitch, parodie de Miss Ylang-Ylang chez Bob Morane, ne sont pas encore apparus. C’est pourtant la bêtise des "méchants" ajoutée à la dinguerie des "gentils" qui fera basculer ce feuilleton dans un délire loufoque du meilleur aloi.
Quoiqu’il en soit la grande aventure de l’opération Tupeutla débute en janvier 1966 juste avant les "du soir" pour 10 petites minutes. Les premiers épisodes sont consacrés à la formation d’un nouvel agent, le brave Nicolas Leroidec (Paul Préboist), qui à cause de ventes difficiles préfère abandonner son beau métier de vendeur d’enclumes pour devenir agent secret. On le teste, on le reteste, mais l’imbécile se joue de tous les pièges qu’on lui tend. Pour agréable que cela soit, on sent bien que Dac improvise au jour le jour. Un peu comme les premiers albums de Tintin qui partaient sans trame vraiment définie.